Vous avez dit biodiversité ?

Vous avez dit Biodiversité ?

Vous avez dit Biodiversité ? Biodiversité est probablement l’un des mots phares de l’année 2020. Si l’on s’en tient à la définition, « la biodiversité désigne la variété des formes de vie sur la terre ».

Cette variété des formes de vie peut paraître suffisamment conséquente pour ne pas s’alarmer mais le croire serait bien vite oublier que la rapidité de ces changements mettent en péril l’équilibre des écosystèmes. Tous les écosystèmes existants sont en permanence dans un état d’équilibre dynamique et depuis des millions d’années, s’adaptent face aux changements climatiques ou aux modifications de l’environnement. L’homme a trop longtemps pensé être en dehors (au dessus) de cet écosystème terrien. En tant que créature intelligente, l’humain voit trop souvent la nature comme un environnement qu’il peut dominer par sa technologie et son savoir.  Le simple fait de parler de sa protection ou de sa préservation implique une relation déséquilibrée où l’humain se positionne en être supérieur, au dessus de la nature. L’épisode du Covid-19, nous démontre une fois de plus que l’homme fait partie intégrante de cette nature, au même titre qu’un insecte, qu’un virus ou qu’une cyanobactérie. L’impact de l’homme sur ces écosystèmes au cours des derniers siècles n’est plus à démontrer. Il est fort probable qu’une grande partie d’entre eux se soient déjà en grande partie adaptés. Mais beaucoup d’autres souffrent et auraient probablement besoin de plus de temps pour le faire. En effet, les changements liés à l’activité humaine surviennent sur une très courte période à l’échelle de la planète. C’est bien là tout le problème, ils ne laissent que peu de chance aux écosystèmes de s’adapter efficacement. La résultante étant la disparition irrévocable des espèces et des variétés de vie (sur les 50 dernières années, 68% de la faune sauvage a disparu !).

Bien évidemment, ces disparitions et ces adaptations sont monnaie courante dans la nature où les espèces les plus agiles s’adaptent et parviennent à survivre.

Faut-il donc vraiment s’inquiéter de la disparition des insectes sur nos pare-brise tout comme de la réduction planétaire de la biodiversité ?

De mon point de vue, la réponse est un grand OUI !

Tout simplement parce que nous perdons de la variété de formes de vie à vitesse « grand V ». Nous avons privilégié la culture extensive avec des monocultures qui sont loin de favoriser la biodiversité environnante (sans parler des effets délétères des pesticides). Nous avons tenté de contrôler les semences en hybridant toujours plus avec des objectifs majoritairement mercantiles (l’hybridation en soi n’est pas le souci, elle se produit en permanence dans la nature et c’est plutôt bénéfique, le problème vient plutôt de ce que l’homme en fait). Dans nos jardins, la majorité de nos haies est constituée de conifères (thuyas, cupressocyparis, chamaecyparis…) qui résistent de moins en moins bien aux maladies et aux conditions climatiques. Même nos buis (buxus) et nos ifs (taxus), si prisés des jardins à la française sont de plus en plus malades. La course à la standardisation et à la normalisation est une ineptie, hélas en partie dictée par les attentes des consommateurs, assurément bien servies par les professionnels de la vente (à moins que ce ne soit l’inverse !).

D’une manière générale, moins il y aura de variétés (donc de biodiversité) dans la nature, plus nous aurons du mal à faire face aux maladies qui sont susceptibles de ravager nos forêts, nos cultures, nos animaux ou nos populations humaines. La clé de la résilience est dans la diversité !

Au-delà de l’intérêt de la variété des espèces et donc des gènes qui favorisent une meilleure adaptation et une meilleure résistance, il semble logique de penser que la croissance galopante de la population humaine nous mène droit vers une situation ingérable. De nombreux articles soulignent le fait que la promiscuité des humains avec les endroits les plus isolés de la planète ne peut que faciliter les contaminations par des agents pathogènes jusqu’ici uniquement véhiculés par des espèces animales rarement en contact avec l’homme (pangolin et covid-19, chauve-souris et virus Ebola…).

De la même manière, l’impact de nos pollutions ne peut plus être ignoré quand on comprend que des produits vétérinaires utilisés à outrance sur du bétail en Inde, empoisonnent les charognards et participent ainsi à leur disparition. Ceci ayant pour effet une profusion de cadavres d’animaux en décomposition, proche des humains et susceptibles de véhiculer de très nombreuses maladies. Toutes nos actions contre nature (artificialisations des sols, déforestations, pollutions…) ont des conséquences importantes sur la vie qui nous entoure et donc sur l’équilibre à court terme des écosystèmes. La boucle est ainsi bouclée, nous perturbons trop rapidement les écosystèmes qui nous entourent sans leur laisser le temps de s’adapter. Bien sûr,  nous avons toujours besoin d’aménager notre environnement pour accueillir toujours plus de population et améliorer sa qualité de vie. L’idée n’est pas de ne plus rien faire ou modifier mais nous devons absolument réfléchir aux conséquences avant d’agir, sans chercher à jouer les apprentis sorciers car la nature fait généralement bien les choses. Et surtout, il ne faut pas attendre des institutions et des organisations qu’elle fassent changer les choses à elles seules. Elles peuvent fédérer les actions et amplifier des mouvements mais seuls les impulsions données par les individus auront un impact à long terme, tel que le changement des habitudes de consommation. A titre individuel, il nous faut donc impérativement prendre le recul nécessaire pour développer une vision à long terme de nos actions… Peut être pas uniquement dans le but de sauver la planète (qui est un objectif louable mais peu motivant à l’échelle individuelle) mais plutôt pour tenter de préserver l’avenir de l’humanité. L’enjeu est là, faire en sorte que chacun prenne conscience des impacts et décide de lui même d’agir à son niveau, selon ses possibilités et ses convictions.  Chaque initiative, chaque geste, chaque petite action est un pas vers le changement à plus grande échelle. Alors êtes-vous prêts ?